Il en a fait sa religion
Sa vie s'est nourrie de sa Foi
Il a souffert, pleuré parfois
Et il s'est battu comme un lion
Il a le souvenir du jaune
De ce fameux premier vélo
Et de son maillot indigo
Qu'il n'aurait prêté à personne
Son casque le serrait aux tempes
Quand le dimanche après la messe
Il roulait avec maladresse
Et se donnait les premières crampes
Ses lunettes lui glissaient du nez
Quand il roulait sur un dos d'âne
Il accusait une peau d'banane
Lorsqu'il rentrait tout goudronné
Et le souvenir de papa
Qui ne roulait plus assez vite
Il était dépassé au sprint
Et le suivait cahin-caha
Il en a fait sa religion…
Il s'est fait seul des aventures
Il a traversé les campagnes
Il a déplacé les montagnes
Sur ses formidables montures
Dans la neige et contre le vent
Sous les grêlons et dans la pluie
En plein midi ou à minuit
A tous moments, par tous les temps
Il a trouvé tous ses plaisirs
Dans les cols et les monts d'Espagne
Au long des plaines de Bretagne
Seul et sans jamais défaillir
Il sait qu'il n'est pas un champion
Et qu'il n'a rien eu d'un prodige
Mais il s'est donné du prestige
En s'acharnant comme un vieux lion
Il n'est pas un as du vélo
Mais son talent c'est son courage
Ses traversées c'est son ouvrage
Il n'a pas besoin de bravos
Il en a fait sa religion…
Il est dans la nuit de sa vie
Il a franchi tous les massifs
Avec son bicycle chétif
Et il en a toujours envie
Il est le dimanche au Ventoux
Suant encore sur le bitume
Les lèvres blanchies par l'écume
Et descendant comme un casse-cou
Tous ses vélos sont grisonnants
Les dérailleurs sont enrayés
Et les vieux pédaliers rouillés
Mais leurs cœurs, eux, sont bouillonnants
Ils l'emmènent encore et toujours
Sur toutes les routes du monde
Dans les provinces ils vagabondent
Ils font des tours et des détours
Ils en ont fait sa religion
Leur vie s'est nourrie de sa Foi
Ils ont souffert, pleuré parfois
Ils se sont battus comme un lion
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