Ouvroir de vélocipédie potentielle


Essoufflement

Je finissais un feuilleté au saumon et quelques ravioles. Le cœur ni trop en haut ni trop en bas. Sur un rythme globalement monotone.
Le Président parlait à la télé. Dans l'alignement de mon Muscat.

Ma distraite attention fut parasitée. Un souffle lointain ; plutôt un essoufflement, et un couinement saccadé.

J'en éprouvai comme une inquiétude, sourde et mystérieuse.

Lire la suite 0 commentaires

Esthétique de la partie de vélo (avec un authentique ami)

Je veux témoigner ici de l'insoupçonnable bienfait d'une d'initiative dont nous devrions, bien plus souvent, être tous familiers : je veux parler de la partie de vélo avec son authentique ami.

Lire la suite 0 commentaires

Spectrale Marseillaise

Par Lothar.

 

Ce lundi, ne voulant pas laisser mon spectre d'ami chroniqueur se ravachir dans son bureau-squat, je pris d'autorité trois heures de congé pour l'emmener faire une partie de vélo. Si je réussissais à le sortir, je gagnais d'avance la prochaine manche : le remettre à son clavier et relancer les chroniques du vélo. On ne répondit pas sur son téléphone fixe.

Lire la suite 0 commentaires

Réouverture sur la vie

Par Lothar.

 

J'attendis mon dimanche pour relancer l'enquête. La réapparition brusque de mon chroniqueur d'ami sur une avenue d'Aix ne nous avait pas laissés sans séquelle, ma bicyclette, ma remorque et moi-même. Je ne rappellerai pas, en effet (ou alors, très brièvement), que, lancé à la poursuite de mon spectre d'ami au ventre ballottant que j'aperçus pédalant à toute allure sur un vélo au pneu arrière à plat, j'encastrai la remorque attelée à mon propre vélo, et qui me sert d'ordinaire à remorquer mes commissions végétariennes de la semaine ou du mois, j'encastrai la remorque de mon vélo, donc, dans les arrières-trains respectifs d'une Mini Austin et d'un fourgon de convoyage de fonds, qui discutaient le bout de gras à un feu rouge. J'avais à la fois sous-estimé la largeur de ma remorque et surestimé le passage entre lesdits véhicules. Ou plutôt, j'avais oublié la présence d'une remorque derrière moi. Ou en fait, je ne sais plus, je ne me souviens guère que de l'agacement de ces messieurs les convoyeurs de fonds.

Lire la suite 0 commentaires

Sprint de boulevard... interrompu

Par Lothar.

 

J'étais en train de charger mes commissions végétariennes de la semaine dans la remorque de mon vélocipède, sur le parking d'un grand supermarché discount de ma cité. Quelques œillades à la bicyclette de l'apprenti-boulanger. Une fort belle machine en vérité. Un bref salut audit apprenti à travers la vitrine, lequel apprenti avait observé mes regards séduits. Seul un événement très fortement perturbateur pouvait détourner mon attention, à ce moment très précis, et interrompre mes subtiles avances. Une autre bicyclette ; montée d'un autre bicycliste. Mais pas n'importe quelle bicyclette, ni n'importe quel bicycliste. La première traînait derrière elle un insupportable flip-flip sur le boulevard devant moi, et portait sur sa selle le second (le bicycliste, donc - lequel était de mes amis le plus inattendu à ce moment très précis).

Lire la suite 0 commentaires

Parti dérouler ma transe

J'ai dû rêver que j'essayais d'attraper la liqueur de pomme verte. Je tendais le bras, je tirais sur l'épaule, du pouf-banquette où j'étais vautré depuis l'aube. Le contact graisseux et froid d'un chapelet de maillons m'a désagréablement réveillé. J'avais empoigné la chaîne du vélo - ce même vélo qui dormait dans le bureau depuis… depuis des mois, encore fixé sur son home-traîneur, le rouleau tendu maintenant toujours la pression sur le pneu à plat, et même pas usé… La bouteille de liqueur était sur la selle, dans un dangereux équilibre mais désastreusement vide. Quinze heures dix-sept. Les convecteurs à fond. Des coups de tambourin dans le crâne. Impossible d'enfiler les chaussettes : bide trop gonflé. C'est à ce symptôme que m'est apparue la juste idée de ma déchéance. Au début, le bide s'écrasait mollement sur les cuisses lorsque je laçais mes chaussures. Puis ça a commencé à me couper le souffle. Puis ça appuyait tellement fort que je rendais l'omelette aux lardons.

Lire la suite 0 commentaires

Ce soir c'est un crime...

Cinquante années, Mesdames et Messieurs, à monter cette bicyclette vaille que vaille. Cinquante années oui, Mesdames et Messieurs et ce vieil homme a placé sa fierté dans ces quelques kilos d'acier. Car cinquante années de service assidu ont lié sa bicyclette à cet homme comme une épouse aimante ; à lui, ce vieil homme, qui a passé sa vie seul.

Lire la suite 0 commentaires

Vivement la vallée

Ça pédalait dur, ça pédalait sec, tous devant et moi derrière, sans que je comprenne vraiment pourquoi. C'est vrai, enfin : mais de quelle auguste manière étaient-ils toutes et tous, gracieusement et insolemment, passés devant moi, sans effort (de leur part), quand moi je suais comme un bouc pour les garder dans l'œil ? Ce qui fut rude, crois-moi, puisqu'en deux ou trois virages bien sentis, mon œil ne m'offrit plus que les crêtes, les aigles, les veaux dans les vaux pour seul panorama ; mais de cycliste point. Tous loin devant, moi derrière. Au nom de quoi, mais dis-moi enfin, au nom de quoi, se sont-il permis ce luxe, sur leurs bécanes pourries, avec leurs dégaines défraîchies, leurs mines glauques et verdâtres et leurs panses vaillamment rebondies, de me planter là et me faire passer pour un freluquet chétif ?

Lire la suite 0 commentaires

Cette nuit, sa bicyclette est morte

Sommeil pâteux, au creux d'une nuit lourde. Une clarté chancelante, venue d'un réverbère ankylosé, filtre à travers le store. Les draps humides de sueur sont froids dans la chaleur ambiante.

Une explosion dans l'éternité nocturne. Rupture du cours des choses.

Lire la suite 0 commentaires

Déclaration à mon vélo

J'aime mon vélo.
Et je suis à peu près convaincu que lui aussi m'aime bien.
De toutes façons, il me suffit de penser que mon vélo m'aime pour que cette seule vérité emplisse le cosmos et fasse vibrer l'immensité universelle : mon vélo, il m'aime !

Lire la suite 0 commentaires

Souffrance et bouteille partagées

Un grand col de France - qu'importe son nom, qu'importe la date, et puis qu'importe le reste. Sur la pente luisante de chaleur, où le macadam qui suinte commence à former de la pâte, un sentiment commun connecte provisoirement entre eux quelques individus : posés sur leur vélo et livrés à la suffocation ambiante, ils palpent tous un peu l'absurde à rouler vers le haut de la montagne, sans autre objectif que celui-ci, arriver en-haut.

Lire la suite 0 commentaires

Salons la soupe

L'aut'jour dans mon courrier
J'ai reçu des papiers
J'en suis
J'vous l'dis
J'en suis resté tout pâle
On me disait tout dret
Sur un ton impérial
D'aller me présenter
A l'U.
C.I.
La grand'fédération

Lire la suite 0 commentaires

Petit vélo ne roulera plus

Promenade anodine au gré des ondulations estivales ; une course à faire peut-être, deux barres de céréales pour la sortie de demain, un tour de vélo dans la montagne. On s'en voudrait presque de n'être pas sur sa bécane, à pédaler encore par un temps pareil ; indéfiniment ; à l'éternité, tout livré sur son vélo - la nature a si bien fait les choses, pourquoi ne pas pousser jusqu'au bout la magie du vélo ?

Lire la suite 0 commentaires

Aveugle sur un tandem

Le guidon a tangué
Les roues au sol crépitent
Et la terre se déplace
La nature s'est droguée
Des vitesses interdites
Ces rêves la délassent

Lire la suite 0 commentaires

Angoisse au Ventoux ou la métaphysique de la descente cycliste

A la longue liste des questions sur la nature et les motivations humaines, il convient d'ajouter celle-ci : qu'est-ce qui pousse les hommes à monter des montagnes à vélo, pour les redescendre immédiatement? J'écarte d'emblée quelques réponses attendues, et inadéquates ici :
- pour aller de l'autre côté
- pour faire du tourisme
- pour épater leurs femmes/leurs maris
- pour le plaisir

Lire la suite 0 commentaires

Dialogue de vélos

Au pied de la Sainte-Victoire, deux cyclistes posent leurs vélos le temps de se réchauffer dans un café. Dans le froid, contre un mur en pierre de Rognes, les deux vélos se reconnaissent…

Lire la suite 0 commentaires

Il en a fait sa religion

Il en a fait sa religion
Sa vie s'est nourrie de sa Foi
Il a souffert, pleuré parfois
Et il s'est battu comme un lion

Lire la suite 0 commentaires

Comme un froissement de soie

Ce fut comme un froissement de soie, dans cette pinçante froidure, qui me pétrifia. Ce fol émoi, c'est un frêle freluquet qui me l'offrit. Je demeurai figé dans la pénombre floconneuse, dessus ce gouffre sans fond et face à cette falaise terrifiante, quand il fila comme une flèche devant moi, dans cette nature en furie, sur son vélo frissonnant. Il se faufila fermement dans la montagne, comme un fantôme flamboyant, ou tel un formidable funambule.

Lire la suite 0 commentaires

La résurrection de Jan Janssen

Le sanglot de la source résonnait jusqu'à moi. J'entendais les fontaines de Gréoux qui gémissaient au loin, la voûte céleste qui grondait au-dessus de la verrière. Tout autour de moi, Moustiers-Sainte-Marie frissonnait, et je prenais la pleine mesure du privilège que j'avais. Au coin de la véranda du Relais, sur le pont de Moustiers, je m'assoupissais au suave susurrement de la cascade, en observant les vingt vélos appuyés sur les rambardes, d'un groupe de cyclistes anglais de passage, quand une parole tomba dans mon oreille, ourlée d'un accent mélodieux et gracieux. C'était la table voisine qui s'intéressait à moi. Ce couple était tout ce qu'il y avait de plus gentil. Et parfaitement néerlandais ; en dépit de l'accent, pensai-je en rustre !

Lire la suite 0 commentaires

"Place Jalabert"

C'était au printemps 2001. Les volets clos depuis une semaine m'isolaient du monde, et la notion de temps m'était désormais étrangère. Accablé par le poids de mes recherches en matière d'histoire cycliste, je n'avais plus qu'une faible et vacillante lueur de bougie pour me secourir. Et, à l'ombre du monde, je travaillais au projet d'été de notre association cycliste, dont la trésorerie est sous mon entière responsabilité. La couverture de poussière qui protégeait le téléphone se souleva d'un coup lorsque la sonnerie retentit. J'avais quelque chose d'un zombie pour l'insensé qui m'appelait : «Vous êtes le chroniqueur cycliste ? » J'eus comme un doute : « Auquel pensez-vous ? »

Lire la suite 0 commentaires

Sprint avec un mirage

Sans aucun arrêt, je poussais ma course jusqu'aux campagnes, et loin devant moi, dans le ciel blanc, se dressaient les humbles montagnes, où ma furieuse jeunesse avait fait ses premiers pas et donné ses premiers coups de pédales. La douceur du vent m'était propice, et j'allais. Plongé dans la sainte solitude, je dévorais la route à toute allure, sans déranger personne des campagnoles et des mésanges, qui savaient par cœur ma délicieuse souffrance cycliste.

Lire la suite 0 commentaires

Ullrich, Fignon et moi

Le 2 décembre 1973, sous le ciel d'ambre de Rostock résonnait un cri d'enfant naissant. Le vent s'engouffrait sous le porche à côté d'un vieux temple tombé en désuétude, et sifflait sous les fenêtres. Israël venait de perdre son créateur, David Ben Gourion, et l'hiver hésitait à venir plus tôt que prévu. Ou peut-être qu'il était déjà là ; ou qu'il n'hésitait pas du tout ; mais il faut bien que j'écrive. Et ce gamin-là criait à la chaleur de sa mère qu'il faisait son entrée fracassante dans le monde. Et je serai célèbre. Et je gagnerai le Tour de France. Il y a trente ans, Jan Ullrich entrait dans l'aventure humaine.

Lire la suite 0 commentaires

César ou le véritable inventeur du vélo

Vélochronique rétablit ici la vérité sur une page mal connue de l'Histoire. C'est bien Jules César qui est le véritable inventeur du vélo, et il fut assassiné pour cette invention. Voici la pièce qui retrace les derniers instants du dictateur romain. Attention : puristes littéraires s'abstenir.

Lire la suite 0 commentaires

Sois un champion pour toi

Ce n'est peut-être pas encore l'hiver mais ça y ressemble, ici, au pied de ma Sainte-Victoire. A travers le carreau de ma fenêtre, à la chaleur du radiateur, je l'observe, qui se dessine dans le vent, bleu glacé, et qui m'en veut un peu, de ne plus aller la voir aussi souvent qu'avant, sur mon vélo. Et pourtant, j'aime ses routes, j'y ai voltigé si souvent j'y ai sué si souvent, j'y ai galéré si souvent. J'y ai fait mes premiers pas de cycliste ; j'y ai eu mes peines de cycliste ; mes rages de cycliste ; mes espoirs. A son regard je sens bien qu'elle m'en veut un peu.

Lire la suite 0 commentaires

Anquetil et Kennedy

« La guerre d'Irak, quand était-ce ? » Cette année-là, c'était la cinquième d'Armstrong : c'est 2003 ! Certains d'entre nous savent bien ce que c'est, cette terrible passion du cyclisme, qui parvient à envahir notre conception du temps et des événements de l'histoire du monde au point que des moments de cyclisme deviennent des points de référence dans nos mémoires. Oui, oui, c'est certain, je rattache des années et les événements qui les ont marquées aux courses de vélo légendaires ou ennuyeuses qui ont empreint mon esprit de souvenirs éternels. L'image d'Ullrich en Andorre, qui monte Arcalis comme une moto, ceint des couleurs de l'Allemagne, cette image, eh bien moi, c'est au brevet des collèges que je l'associe, et j'aimerais bien savoir à quoi elle vous fait penser, à vous. LeMond qui brise Fignon sur les Champs, pour le bicentenaire de la Révolution Française : quelques jours plus tôt, je démontais la Bastille sur des airs de Malher dans ma petite maternelle de Martigues.

Lire la suite 0 commentaires

Chant d'automne, pour mon vélo

Dans mes rêves de bonheur, il y a toujours un vélo quelque part, couché dans l'herbe ou ronflant au grenier. Le froid vient de geler ma raison et je suis pris de folie. Je me surprends à chanter des odes et crier des dithyrambes. Toujours pour un vélo.

Lire la suite 0 commentaires