La grande inquisition (6)

La dure réinsertion de Jan

L'hiver faisait chaudement son chemin. Floyd préparait sa défense et, de plus en plus, certains pensaient que l'affaire tournerait à son avantage. Au nom d'un vide juridique ou d'un vice de procédure quelconque. En attendant, il avait réussi à faire créer une association pro-Floyd, une sorte de collectif réunissant des partisans naïfs ou désespérés, destiné à amasser les fonds nécessaires à sa défense. Nécessaires à sa défense ! C'était là une manœuvre assez comique, et pour ainsi dire, parfaitement indécente.

On attendait le moment où Jan lancerait une gigantesque collecte de fonds pour le soutenir dans sa recherche de travail.

Car Jan n'avait toujours pas retrouvé d'employeur. Là où Ivan s'en était finalement bien sorti (il avait été recruté par l'ancien patron de Lance, et personne n'avait osé rien dire), Jan pataugeait. En réalité on ne doutait pas qu'il trouverait une entreprise avant la reprise industrielle, mais laquelle ? En définitive, de la Grande Affaire, il était celui qui s'en tirait le plus minablement (en terme d'image). Dur de déterminer à quoi cela pouvait tenir. Mais le résultat était que la popularité de Jan auprès des grandes firmes et des élites avait pris un fameux éclat de cambouis.

Jan ? On n'en veut pas !

Très secrètement, ils étaient nombreux les patrons qui voulaient recruter Jan. Corrompu ou pas, ce n'était pas n'importe quel employé, Jan. Mais son image de marque était tellement dégradée qu'on n'osait pas assumer ses prétentions. Il n'y avait guère que Johan, l'ancien boss de Lance, qui pouvait se permettre un tel zèle. Mais Johan se fichait pas mal de sa cote de popularité auprès de ses confrères. De toutes façons, même les citoyens disaient de lui que c'est un sale type.

Même Paco, que le docteur Lamborghini avait été forcé de libérer sans condition, avait retrouvé un job, celui-là même qui avait pleuré sur son sort et avait annoncé qu'il quitterait le territoire de la république.

A quoi pouvaient bien servir les tortures de Dr Lamborghini si on relâchait les accusés sans autre forme de poursuite ? Alors, ça valait bien la peine de payer des milices spéciales et de commander des rafles au petit matin !

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