Armstrong fait pâlir les sceptiques

Si Lance Armstrong prend vraiment le départ du Tour 2009, un certain nombre de mâchoires crispées feront de la poussière d’émail, à trop faire grincer des dents. Et s’il le gagne, il réussira le plus magistral pied de nez, que dis-je, un sacré bras d’honneur (ou un doigt, selon les méthodes de Manolo Saiz) lancé au cyclisme, à ses détracteurs, à ASO. Les sceptiques ont pâli - les fameux sceptiques, auxquels s’adressait le discours de retraite d’Armstrong, à la fin du Tour 2005, septième et dernière édition épinglée par lui, série qu’on croyait définitivement close, et désormais à considérer à nouveau en cours, qu’on se le dise ; car enfin, Armstrong a rarement déçu ses fans, et n’a pour ainsi dire jamais satisfait ceux qu’on appelle les anti-L.A. Malgré les doutes sur une victoire éventuelle en 2009 - malgré les doutes sur le retour annoncé, déjà ! - la possibilité d’un combe-back gagnant est à prendre très au sérieux… !

Car oui : et si Armstrong gagnait le Tour 2009 ? Son retour annoncé à la compétition, d’abord pris pour une improbable rumeur, puis confirmé par l’intéressé, constitue une surprise colossale. D’autres athlètes, dans d’autres sports, ont pratiqué le come-back post-retraite avec plus ou moins de succès ; quelques cyclistes comme Cipollini ont certes éprouvé le procédé, mais à une telle échelle, l’annonce d’Armstrong relève presque du scenario de science-fiction. Plus de trois ans sont passés depuis sa retraite, la prescription semblait consommée. Personne n’aurait osé fantasmer là-dessus.

 

La surprise provoquée par l’invraisemblance d’une telle décision est à la mesure du risque que prend le champion. Pour audacieux et courageux qu’il soit, le pari est très corsé. S’il loupe son retour, Armstrong perdra l’indiscutable et brillant privilège qu’il avait eu l’intelligence de s’accorder en 2005, celui de partir en pleine gloire, au soir d’une victoire dans le Tour. Privant les autres non seulement d’une revanche jamais gagnée, mais aussi du repos intellectuel sur la question de savoir s’il eût été prenable, un jour, peut-être, l’année suivante qui sait, quand, diable quand ? L’humiliation de ses rivaux était ainsi la plus subtile. En revenant, Armstrong s’expose au risque de gâcher l’image d’un champion éternel. Mais après tout, peut-être s’en fiche-t-il pas mal. Ou alors est-il certain de lui ? D’autres diront qu’un retour perdant l’humaniserait. Ou le ridiculiserait ? Un retour gagnant après trois ans de retraite, à 37 ans, écrirait peut-être une histoire plus extraordinaire encore que son retour d’après-cancer.

 

Armstrong pourrait ainsi littéralement balayer les trois dernières années de cyclisme. Que vaudraient les victoires de Landis (ah oui, Pereiro), Contador et Sastre dans les trois derniers Tours, si Armstrong revenait gagner en 2009, dix ans après son historique première victoire ? Après moi le déluge, le néant, la nullité athlétique, alors je reviens offrir un peu de spectacle. Pari follement insensé, mais à la hauteur du tempérament sensationnel de l’Américain. Quelles sont ses motivations réelles ? Ce retour relancerait en tout cas la publicité du cyclisme. L’intérêt est relancé, quoi qu’on en dise. Drôle de retour dans le passé (pas de recul), avec ce fantôme d’Armstrong qui n’en finit pas de hanter le vélo. Ivan Basso lui aussi sera dans les pelotons. Des présences presque archaïques ; on attend Ullrich. Ça fleure presque le bon temps, celui où on se tapait dessus, entre pro et anti-L.A.

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