La scène décrite précédemment sur ce site se déroula, selon la chronique cycliste, dans le courant de l’année 2008. Lance avait perçu à quel point ses journées devenaient routinières. Cependant, les doutes le tiraillaient ; et puis, on n’improvise pas un retour, comme ça, l’air de rien. Aussi tenta-t-il d’oublier cette pensée, et de se détourner vers d’autres occupations. Faire un disque ? Ecrire un livre ? Sortir avec une chanteuse ? Un dîner à la Maison Blanche ? Un championnat de VTT ? Entrer en politique ? Rien que de très banal - tout était si monotone !
Il regarda le Tour de France ; la platitude des protagonistes lui donna des fourmis dans les jambes ; il brûlait de remettre les choses au point, de faire sauter le peloton, de casser la baraque, d’exploser les chronos… Il aurait renvoyé Sastre chez sa grand-mère, humilié Evans, ridiculisé Kohl… Il repensait à ses sept Tours. A ses rivaux. Même ses adversaires à lui avaient plus de coffre. Il songea à Ullrich, qui lui parut tout à coup rudement sympathique. Oh ! Il ne l’avait jamais tout à fait méprisé. Il l’amusait trop pour pouvoir le mépriser. Il lui reconnaissait un vrai talent, et ça suffisait à lui réserver une part d’estime. Il aimait chez lui, pour en rire, la classe un peu sotte et naïve d’un champion incapable de s’assumer. En somme, un rival plutôt bonnard.
Il savait que Landis n’avait pas renoncé à revenir, une fois sa suspension accomplie. Le mormon avide de bières. Heras aussi disait son envie. Et Hamilton. Il les connaissait particulièrement bien, ces trois-là. C’était son époque. Un peu les « copains d’avant », même si certains n’étaient plus complètement en odeur de sainteté. Dommage que Vino ne revienne pas. Un dur, celui-là. Un peu ridicule parfois, mais toujours sérieux, vraiment vindicatif. Le gars qui s’assume. Ça mettait du sel. Non, vraiment, si Ullrich et Vino revenaient dans la partie, ce serait top, il rempilerait aussi. Mais sans eux… Aussi décida-t-il, mine de rien, d’appeler Ullrich.
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