Ullrich ou le syndrome du retour

Le cyclisme de 2009 a des airs des années 90, avec ses anciens champions revenus défier les nouvelles générations. La nouvelle tendance musicale est la valse des retours. Celui d'Armstrong avait eu l'effet que l'on sait, et avait fini par banaliser les retours réels ou seulement envisagés de Vinokourov, Basso, Heras, Landis, Hamilton, Bartoli… Avec la ferme intention de ne pas se contenter de faire de la figuration.

Manque d'humilité ? Crise d'orgueil ? Qu'est-ce qui peut motiver de tels retours, sur lesquels un Anquetil aurait certainement jeté un regard méprisant ? On ne fait qu'une sortie. Question de dignité, peut-être. S'ennuient-ils, dans leur retraite loin des journalistes qui leur confectionnaient une célébrité qu'ils regrettent, ces champions retirés qui éprouvent le besoin de refaire parler d'eux?

La valse n'en finit pas et prendrait presque les allures d'une danse un peu glauque, animée par des spectres qu'un certain public n'aurait pas souhaité revoir. L'annonce du retour de Jan Ullrich, à son tour, semble presque normale, attendue, comme allant de soi, après celle de ses anciens compagnons de génération. Cela tient du déraisonnable, ma foi. Quelles sortes d'ambitions animent l'ex-vainqueur du Tour ? On parle d'une participation au Tour, envisagée comme victorieuse. Après presque une décennie au sommet de sa forme à avoir couru après un succès dont Armstrong et son propre défaut de stratégie l'ont privé, l'Allemand croirait à un retour gagnant maintenant, alors qu'il lui faut déjà gagner la possibilité de participer à une course qui ne veut plus forcément de lui ?

Ullrich annonce aussi sa volonté de devenir champion du monde, un titre qu'il avait remporté chez les amateurs en 1993. Après tout, rien n'est impossible dans le cyclisme. Mais que veulent-ils prouver, ces revenants ? Il faut pourtant s'en persuader : on ne r-entre que plus petit qu'on est sorti.

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