Pas de friture sur le réseau holtzien

Routinière période de transition sur le Tour de France, monotones étapes de plaine favorables au rattrapage de sommeil pour les téléspectateurs, condamnation à mort des échappés dont on ne se soucie même pas du nom, et victoire hyper-prévisible de l'insolent Mark Cavendish : le peloton traverse le fameux creux de la deuxième semaine, cette petite vallée de l'audimat située entre les deux massifs. Certes les téléviseurs fonctionnent dans les foyers mais les images sont offertes au néant ; la voix de Thierry Adam fait office de berceuse pour quelques millions de siestards.

C'est relâche. À tous les niveaux.

C'est relâche aussi sur le réseau holtzien. Un certain nombre de téléspectateurs, émergeant à peine d'un somme réparateur devant les ralentis du sprint de Cavendish, ont chauffé les méninges en tentant de décrypter les messages codés émis sur le réseau holtzien par l'inénarrable Gégé, dont la carrière sur l'audiovisuel public relève de l'inexplicable. Ladite communication codée aurait été diffusée à l'occasion de l'interview de Rinaldo Nocentini, le Maillot jaune. Il convient de procéder à une petite mise au point sur cette perplexité générale : il ne s'agissait ni d'un message crypté ni d'un brouillage des ondes, mais d'un reportage premier degré, sans autre implicite que l'étalage libidineux de son auteur.

Duo de choc sur France TV entre l'adorateur dégoulinant de Lance Armstrong et le voyeur lubrique qui introduit son museau fureteur dans les intimités diverses environnantes. Scènes de genre folâtres ces dernières années sur l'écran public - on cadre à fond sur les sanglots des frères Feillu, on glousse baveusement en approchant Sheryl Crow, on soupire lascivement en effleurant le pectoral d'Armstrong, on zoome sur les hôtesses en se dandinant et on touche au zénith à Saint-Fargeau en décrochant les seins de Madame Nocentini. Pas de message codé, rien de crypté, juste l'explicite de l'indécence portée aux nues. Lamentable humiliation de Rinaldo Nocentini, dont le seul intérêt sportif sur ce Tour est donc sa femme, gloire à Godarholtz de répandre la grossièreté de ses désirs.

Ah si, il y avait un léger implicite dans l'interview, un écart subtil entre une question à peine audacieuse (« Est-ce que vous dormez ensemble ? ») et sa traduction holtzienne, un brin plus poussée. Mais c'est là toute la retenue dont on sait faire preuve sur l'impôt des redevances.

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