Pavé soit le paradis de Franco Ballerini

Franco Ballerini (11/12/1964 - 07/02/2010) est mort à 45 ans dans un accident de course lors d'un rallye automobile. Le sélectionneur de l'équipe nationale italienne avait fait de Paris-Roubaix sa course de prédilection lors de sa carrière sportive. Coureur de classiques, spécialiste du pavé, il était en effet devenu expert de l'Enfer du Nord, dont il avait triomphé deux fois, après une historique deuxième place.

Défaite historique sur le fil en 1993

Il était devenu l'un des cinq champions incontournables du Paris-Roubaix des années 1990. Sa victoire en 1995 dans l'Enfer du Nord, à 30 ans, fut reconnue comme une juste récompense pour ce valeureux spécialiste des classiques qui avait échoué au sprint deux ans plus tôt face au vainqueur sortant Gilbert Duclos-Lassalle, qu'il croyait pourtant avoir vaincu dans un ultime coup de rein, après avoir vainement tenté de le décrocher de son sillage lors de leur chevauchée. Son geste de victoire après la ligne d'arrivée, pour ce Paris-Roubaix 1993, avait dû en abuser certains, mais quelques millimètres seulement parachevèrent la carrière du vieux Duclos (38 ans passés) à son détriment, et lui commandèrent de faire encore ses preuves, de passer par le même pénible travail de patience et d'abnégation qu'avait enduré ce même Duclos, son tombeur sur ce vélodrome, ce même Duclos qui avait été deuxième de ce même Paris-Roubaix, treize ans et dix ans plus tôt (derrière Moser en 1980 et Kuiper en 1983).

Deux grandes victoires pour un expert

Alors la victoire de Franco Ballerini dans ce Paris-Roubaix 1995 pour le compte de la très prestigieuse Mapei fut reconnue juste et légitime, d'autant plus qu'il s'était encore classé 3ème en 1994 (derrière Tchmil et Baldato). Devenu un favori, fraîchement lauréat du Het Volk, il donna à ses adversaires la démonstration de sa puissance incontestable sur les pavés du nord, reléguant ses suivants à deux minutes. Sa force et son expertise l'avaient lié aux parcours typiques des flandriennes et des nordiques, et c'est Paris-Roubaix qui aura été son meilleur terrain d'expression. Du reste, son équipe Mapei fut, dans cette deuxième moitié de la décennie, la formation à battre sur cette course, qu'elle domina en 1995 (Ballerini 1er et Museeuw 3ème), en 1996 (triplé Museeuw, Bortolami, Tafi. Ballerini fut 5ème), en 1998 avec une deuxième victoire de Ballerini plus de quatre minutes devant ses équipiers Tafi et Peeters, et en 1999 (triplé Tafi, Peeters, Steels. Ballerini fut 11ème, pour le compte de Lampre).

Des pavés à la sélection nationale

Coureur exclusivement tourné vers les classiques, puissant, endurant et pugnace, Franco Ballerini n'était cependant pas de ces inlassables collectionneurs de victoires, comme Johan Museeuw ou Michele Bartoli. Plus discret en-dehors des flandriennes du printemps, il était un homme des pavés, brillant sur le Tour des Flandres (huit fois dans les dix premiers, 3ème en 1997) et forgeant sa notoriété dans l'enfer de Paris-Roubaix, qu'il termina sept fois dans les dix premiers (pour comparaison : Museeuw 10 fois, Duclos et Boonen à ce jour 7 fois, Tchmil 6 fois, Tafi 5 fois).

Il était aussi devenu une figure inévitable des coulisses du cyclisme des années 2000, puisque sa reconversion comme sélectionneur de l'équipe nationale d'Italie en 2001 avait permis à la Squadra Azzura de décrocher cinq médailles d'or, après des années d'antagonismes internes et de querelles d'ego : quatre championnats du monde avec Mario Cipollini en 2002 à Zolder, Paolo Bettini en 2006 à Salzbourg et en 2007 à Stuttgart, Alessandro Ballan en 2008 à Varèse ; et le titre olympique de Bettini à Athènes 2004.

Pavé soit le ciel pour Ballerini…

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